#contesdefées

8/09/2023

Jean Pascal Debailleul

,

Comment a-t-il inventé une méthode de connaissance de soi par les contes de fées ? Comment a-t-il construit cette méthode pour en faire un formidable outils de développement personnel. Comment, dans cette méthode, se concilient situations de vie et spiritualité ?

Auteur de Vivre les synchronicitée par les contes de fées, Jean Pascal Debailleul revient dans cette interview sur son parcours et les synchronicités qui l'ont amené à découvrir cette méthode. Une leçon de vie, une démonstration de la magie des synchronicités !

 

Comment t'est venue l'idée de t'intéresser aux contes de fées ?


Je cherchais à communiquer avec mon entourage sur les questions spirituelles. J'ai eu la chance, assez jeune, de fréquenter des écoles spirituelles avec de vrais maîtres et de pouvoir travailler sur moi-même. Mais j'étais évidemment tenu au silence parce qu'on ne parle pas des clés de sagesse auxquelles on a accès sous la guidance de quelqu'un d'averti. Elles ne sont pas données aux disciples pour qu'ensuite ils les partagent à leur tour, parce qu’ils n’en n’ont pas la maîtrise, ils ne sont pas habilités à ça.
Ma vie a beaucoup changé par la proximité de tels maîtres. Aussi, j’étais dans le désir de partager quelque chose du don qui m'avait été fait. Alors comment partager sur la spiritualité quand on n'est pas sage et qu'on doit se taire ? J'étais désespéré. Vraiment, j'avais un grand chagrin, je vivais une épreuve. Je me rappelle qu'un jour, j'étais devant la librairie La Procure, à Paris, à regarder les livres dans la vitrine. Et je vois passer une femme vraiment malheureuse, là, derrière moi, sur le trottoir, très déprimée. Ça a été un vertige, un véritable vertige, parce que je ne pouvais pas l'aider alors que j'avais les clés pour le faire… Quinze jours après, d'un coup, tout s'est ouvert pour moi, à la faveur d’une situation complètement anecdotique. Je voulais offrir un cadeau à ma belle-mère : l'intégrale des Contes de Grimm dans la traduction d'Armel Guerne chez Flammarion. Je ne connaissais rien aux contes. J'en parle à ma femme et je lui demande de me lire un conte. Elle choisit Les trois plumes. C'est la révélation ! Tout à coup, en entendant cette histoire, j'étais devant des clés de sagesse comme celles qu'on m’enseignait et que je pouvais partager, celles-là : c'était très simple, il suffisait de donner les contes, d'en partager la lecture.
Tout de suite, j'ai réuni des gens dans un groupe, et chaque semaine, nous ouvrions au hasard les Contes de Grimm, nous lisions un conte et, ensuite, nous en partagions les résonances, avec l'idée que la vérité cachée dans le conte est déjà en nous, dans notre nature profonde. Rien qu’en partageant nos résonances, chacun donnant son éclairage, nous faisions apparaître des clés de sagesse cachées. J'avais moi-même une certaine culture de la sagesse puisque je la pratiquais déjà depuis quelques années. Je savais reconnaître ce qu'on pouvait dire de vrai dans la résonance d'un conte, je savais l'authentifier.


Mais les contes de fées s’adressent-ils vraiment à tout le monde ?


Oui et mon intuition s'est avérée juste. J'ai vu que les grandes clés de sagesse étaient là, en nous et dans les contes. Nous nous en sommes nourris dans des réunions hebdomadaires, de façon assez intensive. C'était très riche. Trop finalement ! Au bout d'un ou deux ans, nous nous sommes trouvés dans une impasse, devant une table trop abondante. Tant de beauté, tant de grandeur dont on ne faisait rien, sinon se repaître. Il fallait trouver une solution.
J'ai tourné en rond quatre à cinq ans avec un certain nombre de questions fortes. Il fallait pouvoir fréquenter les vérités des contes de fées sans s’écœurer : comment être dans une sorte de correspondance de qualité proche, dans l'attitude, de ces vérités ?
J’étais aussi à la recherche d'une avancée dans ma carrière professionnelle – j’étais éditeur et avais besoin de franchir un cap supérieur –. Mais toutes les démarches que je faisais avec des candidatures spontanées et des rendez-vous n'accrochaient pas. Il y avait toujours un endroit où ça ne passait pas. En fait parce que j'étais attendu pour autre chose… À la croisée de ces questions, et voulant me sortir financièrement et professionnellement de l'impasse, plutôt que d'aller à l'extérieur chercher la solution à mon problème, j'ai pris l'option d'aller par l'intérieur à la rencontre de la solution. C’est par un travail de fréquentation du souhait le plus profond de mon accomplissement professionnel que s'est ouverte, pour moi, l'idée de faire pratiquer la sagesse des contes. Cette sagesse, que je fréquentais d'une manière gratuite avec les gens que je réunissais dans des groupes, maintenant, j’allais la faire mettre en pratique. C’était une clé toute simple. En fait, c'est la clé de la naissance de la philosophie. C'est ce que, dans l'Antiquité, Socrate et les philosophes faisaient faire à leurs élèves. Ils leur faisaient pratiquer les grandes clés de sagesse de la mythologie, ce qui a donné naissance à la philosophie.
D'une certaine manière, j'ai retrouvé ça en passant trois semaines à me remettre dans la fréquentation des réussites que j'avais pu avoir dans mon métier : j'avais pris des initiatives qui étaient heureuses mais qui, en même temps, ne donnaient pas pour moi le fruit d'un changement professionnel profond. Elles n'ouvraient pas ma carrière et ne me permettaient pas d'avoir plus de beurre dans les épinards. Il fallait vraiment trouver autre chose de plus fort. C'est pourtant en fréquentant ces bons coups d’éditeur que j’ai été amené dans la proximité de ce que j'étais profondément, de mon souhait d'accomplissement en profondeur. Et ça s'est formulé ainsi : « Accompli professionnellement, je suis quelqu'un qui cherche, qui découvre et qui communique. » Cette phrase-là, « je cherche, je découvre et je communique », je me la suis répétée pendant trois semaines, tous les jours, en ressentant, en visualisant les moments forts que j'avais pu connaître professionnellement. Un matin, c'était le jour-même où je faisais mes valises pour rentrer à Paris à la fin des vacances, apparurent soudain dans mon esprit quatre contes et quatre exercices : mon premier séminaire, le séminaire sur le changement…

C'est arrivé comme ça, d’un coup ?


Oui, c’était le premier module sur le changement, au complet ! Après, la question a été : « Où je vends ça et comment je le partage ? »
Je fréquentais, à l’époque, une association d'artistes branchés sur la spiritualité qui proclamaient que l'art pouvait être porteur de lumière, l’association “Art et Lumière”. C'est chez eux que je faisais mes réunions de contes, près de La Madeleine. J'avais la possibilité de diffuser mon premier séminaire auprès d’eux, mais ce n'était financièrement pas très intéressant. Et puis je me suis rappelé que, dix ans plus tôt, j'étais allé dans un centre de thérapie humaniste rue des Saints-Pères, le « Centre d’évolution », que je croyais être un centre de spiritualité et où j'avais laissé mes coordonnées. Un thérapeute de ce Centre, qui était disciple de Swami Muktananda m’avait rappelé lors du passage du sage indien à Paris. Ce centre avait des salles à disposition et je devrais pouvoir avec eux et leur fichier trouver des clients pour présenter mon séminaire. Et ça a accroché tout de suite, très vite. J’ai proposé mon séminaire à Jacques Durand-Dacier, le patron de ce centre de thérapie, qui a eu envie de me donner ma chance. Là c’était dans le registre de la psychologie, pour le coup, et à des tarifs bien plus intéressants que ce que j'aurais pu obtenir dans le culturel avec mon association d'artistes. Tout à coup, je trouvais une possibilité de ressources financières qui allait changer ma vie. Un mois après ma première annonce, j’étais devant douze personnes à qui j'enseignais le premier module. Dès ce premier module terminé, ils m’ont demandé de continuer pour approfondir la pratique… J’ai donc été obligé d'inventer chaque mois un nouveau module. Ce que j'ai fait la toute première année, puis la deuxième avec des mises au point. Petit à petit s’est ainsi construit et complété le séminaire de La voie des contes, que j’ai intégralement rédigé au cours de la troisième année.


Tout semble s’être réalisé par synchronicité ! En avais-tu conscience à ce moment-là ?


Non, pas du tout. Je ne me formulais pas les choses de cette façon. J'étais alors orienté à l’inspiration : je savais que tout pouvait se faire par l'intérieur, que tout pouvait arriver comme par grâce, on pourrait dire, par ouverture, à l’occasion de percées créatrices. La fée des contes, qui donne l'accomplissement de façon miraculeuse – d'une certaine manière le merveilleux, c'est le miraculeux –, la fée des contes, en réalité, c'est l'inspiration. Voilà ce que j'avais commencé à travailler avec la découverte des contes. D'abord sous un angle de spiritualité : il y a dans les contes de grandes vérités, comme celles que m’enseignait le maître spirituel qui me guidait. Grâce aux contes, je pouvais partager cette spiritualité, je pouvais avoir des conversations avec des gens en me servant des contes et être dans cette atmosphère dont j'avais vraiment besoin.
En réalité, la fréquentation du maître que je suivais était très difficile. Il était dans la lignée de Gurdjieff, et donc très rigoureux et très exigeant, demandant vraiment d'être présent à soi-même et de s'y entraîner de façon permanente. À un certain moment, c'est tellement difficile qu’on risque de développer dans le miroir de cette exigence une culpabilité. Pour éviter cela, ma trouvaille a été de procéder par inspiration : certes, je ne suis pas capable mais, par inspiration, par percée, je peux tout à coup accéder au niveau qui est attendu. À un certain moment, je suis au niveau, le reste du temps, je n’y suis pas. Pratiquer ainsi, ça pouvait être supportable et je pouvais poursuivre mon cheminement.
Mais, au tout départ, quand j'ai commencé à faire pratiquer les contes, la relation aux contes que je proposais n'était pas spirituelle. C'était plutôt une perspective de thérapie, puis de créativité et de développement personnel que je proposais. Il fallait que je me situe, puisque j'étais dans un centre de thérapie humaniste. J'ai pris l'option de parler le langage de la thérapie. Je me suis formé à la PNL, à l'hypnose, j'ai pu formaliser ma méthode et parler un langage qui était celui de la psychologie.


Pourtant, tu venais d'une psychologie plus profonde, plus puissante…


Oui, une psychologie de la pensée traditionnelle, des entraînements soufis… Les enseignements de Gurdjieff sont issus de la tradition soufie. C’est une psychologie très avancée et très puissante. Je n'avais pas besoin d'autant de moyens pour faire pratiquer les contes. Néanmoins, j'ai développé une méthode à la croisée de la psychologie et des clés de sagesse issues de la tradition, et c'était un panachage assez heureux. Ce qui m'a valu d'être repéré par le maître des novices des Carmes d'Avon, le père Victor Sion. J'avais aidé quelqu'un qui était entré chez les Carmes et qui avait, donc, été accompagné par ce maître des novices, qui par ailleurs était un grand confesseur, très recherché. Ce dernier s’était dit que c’était exactement un type comme moi qu’il cherchait : un psychologue chrétien pour l'aider avec toutes les personnes qu’il confessait et qui retombaient dans leurs travers faute de moyens pour travailler sur elles-mêmes. Il a commencé à m'envoyer quelques «confessés” que je remettais sur pied en trois à six mois avec ma méthode de La voie des contes, qui avait une petite année d'âge à ce moment-là. J'ai ainsi monté un cabinet de thérapie et pris en charge ces gens avec mes outils. J’accompagnais aussi des moines qui avaient des difficultés à rester dans leur monastère – c’est terrible un monastère une véritable cocotte-minute! Le maître des novices m'a aussi mis en contact avec des bénédictins et des carmélites. J'ai même eu mon cabinet de thérapie chez les sœurs de l'Adoration à Paris, derrière l’Institut Curie, pendant deux ans.


Ces enchaînements sont les effets de la synchronicité, en fait…


Comment ces choses-là sont arrivées, comment elles ont pu se construire ? Je ne contrôlais rien, j’appelais tout à partir de l'intérieur. C'est ça qu'il faut comprendre : la synchronicité est une question de posture, à partir de l’intérieur, par l'émission d'une vibration, d'une résonance, d'une fréquence. En réalité, la synchronicité, conçoit que le monde est Un, que tout est ensemble, que rien n'est séparé. Et si tu arrives à émettre une fréquence en direction de cette dimension d'unité constituée d'une multitude de choses, alors tout se met à fonctionner ensemble, en interaction, et à répondre. C’est exactement comme dans le corps : si on regarde les cellules, les premières sont non différenciées et elles vont se distinguer petit à petit selon les différentes fonctions, les différents organes, etc., et faire que tout fonctionne ensemble et, cependant, à chaque fois dans la distinction. Et nous, nous avons beaucoup de mal à fonctionner comme ça. Nous avons tendance à nous enfermer dans la distinction et à nous séparer du reste. Et là, nous sommes piégés, nous nous retrouvons avec de moindres moyens, nous n'avons que les moyens de notre séparation. Alors que, dans l’ensemble, nous bénéficions de toutes les intelligences qui sont en arrière-plan ! Il est plein d'intelligences, en réalité, le monde de Totalité ou le monde d’Unité !
À travers les contes, nous avons de très belles leçons pour fonctionner dans cette Totalité, pour apprendre à émettre une fréquence de résonance qui va nous aligner sur certaines intelligences. Exactement comme on met une semence de poirier en terre. Si la semence germe, ce qui pousse va se revêtir de substance qui n'intéresse que le poirier et non de la substance d’un chêne ou d’un haricot. Le poirier prend ce qui est propre à son système. Et pourtant, il est dans la Totalité et fonctionne en totalité. C'est ça qu’il est important de mesurer : c'est une question de fréquence de résonance.
Les contes sont remarquables pour ça, ils proposent des clés pour se brancher à cette dimension d'Unité ou de Totalité. Ensuite, pour ne pas se faire éjecter – parce que tout va s'accélérer dès l'instant qu’on s’aligne avec les intelligences de l’arrière-plan, le mental, les émotions, le corps, et tout ça va très vite et nous dépasse –, alors il faudra faire le vide en soi-même, de ses croyances, de ses peurs , de ses attachements… sinon on ne pourra pas rester branché à la Totalité. Et si l’on réusit à se maintenir, alors cela s’accélérera encore davantage, car on va commencer à participer à la Totalité : en fait elle est en attente de notre participation ! Nous sommes un acteur, un catalyseur, un réactif pour le Tout. Et si nous pouvons fonctionner et nous tenir consciemment dans cette Totalité, nous participerons au grand mouvement de négentropie. Le rôle de l'humain est de faire venir des ressources de régénération dont la vie a besoin. Car les choses s’éteignent, se cristalisent. On sent bien ce mouvement-là. L'humain a une place privilégiée pour ça. La synchronicité peut être regardée sous cet angle-là : la participation de l'humain au mouvement créateur du cosmos, de la Totalité. Tout est en mouvement, tout est en vie sur cette planète, et l'homme est un vecteur important pour permettre la régénération des forces de vie quand les forces d’inertie, qui ont leur place aussi, qui permettent de tenir les formes un minimum de temps, œuvrent à la cristallisation et à la mort progressive des choses. La mort existe, les choses s’éteignent, mais d'autres viennent et, par régénération, poursuivent le mouvement de création. La synchronicité doit être regardée, en fait, dans cette grande économie du Tout.

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Comment a-t-il inventé une méthode de connaissance de soi par les contes de fées ? Comment a-t-il construit cette méthode pour en faire un formidable outils de développement personnel. Comment, dans cette méthode, se concilient situations de vie et spiritualité ?

Auteur de Vivre les synchronicitée par les contes de fées, Jean Pascal Debailleul revient dans cette interview sur son parcours et les synchronicités qui l'ont amené à découvrir cette méthode. Une leçon de vie, une démonstration de la magie des synchronicités !

 

Comment t'est venue l'idée de t'intéresser aux contes de fées ?


Je cherchais à communiquer avec mon entourage sur les questions spirituelles. J'ai eu la chance, assez jeune, de fréquenter des écoles spirituelles avec de vrais maîtres et de pouvoir travailler sur moi-même. Mais j'étais évidemment tenu au silence parce qu'on ne parle pas des clés de sagesse auxquelles on a accès sous la guidance de quelqu'un d'averti. Elles ne sont pas données aux disciples pour qu'ensuite ils les partagent à leur tour, parce qu’ils n’en n’ont pas la maîtrise, ils ne sont pas habilités à ça.
Ma vie a beaucoup changé par la proximité de tels maîtres. Aussi, j’étais dans le désir de partager quelque chose du don qui m'avait été fait. Alors comment partager sur la spiritualité quand on n'est pas sage et qu'on doit se taire ? J'étais désespéré. Vraiment, j'avais un grand chagrin, je vivais une épreuve. Je me rappelle qu'un jour, j'étais devant la librairie La Procure, à Paris, à regarder les livres dans la vitrine. Et je vois passer une femme vraiment malheureuse, là, derrière moi, sur le trottoir, très déprimée. Ça a été un vertige, un véritable vertige, parce que je ne pouvais pas l'aider alors que j'avais les clés pour le faire… Quinze jours après, d'un coup, tout s'est ouvert pour moi, à la faveur d’une situation complètement anecdotique. Je voulais offrir un cadeau à ma belle-mère : l'intégrale des Contes de Grimm dans la traduction d'Armel Guerne chez Flammarion. Je ne connaissais rien aux contes. J'en parle à ma femme et je lui demande de me lire un conte. Elle choisit Les trois plumes. C'est la révélation ! Tout à coup, en entendant cette histoire, j'étais devant des clés de sagesse comme celles qu'on m’enseignait et que je pouvais partager, celles-là : c'était très simple, il suffisait de donner les contes, d'en partager la lecture.
Tout de suite, j'ai réuni des gens dans un groupe, et chaque semaine, nous ouvrions au hasard les Contes de Grimm, nous lisions un conte et, ensuite, nous en partagions les résonances, avec l'idée que la vérité cachée dans le conte est déjà en nous, dans notre nature profonde. Rien qu’en partageant nos résonances, chacun donnant son éclairage, nous faisions apparaître des clés de sagesse cachées. J'avais moi-même une certaine culture de la sagesse puisque je la pratiquais déjà depuis quelques années. Je savais reconnaître ce qu'on pouvait dire de vrai dans la résonance d'un conte, je savais l'authentifier.


Mais les contes de fées s’adressent-ils vraiment à tout le monde ?


Oui et mon intuition s'est avérée juste. J'ai vu que les grandes clés de sagesse étaient là, en nous et dans les contes. Nous nous en sommes nourris dans des réunions hebdomadaires, de façon assez intensive. C'était très riche. Trop finalement ! Au bout d'un ou deux ans, nous nous sommes trouvés dans une impasse, devant une table trop abondante. Tant de beauté, tant de grandeur dont on ne faisait rien, sinon se repaître. Il fallait trouver une solution.
J'ai tourné en rond quatre à cinq ans avec un certain nombre de questions fortes. Il fallait pouvoir fréquenter les vérités des contes de fées sans s’écœurer : comment être dans une sorte de correspondance de qualité proche, dans l'attitude, de ces vérités ?
J’étais aussi à la recherche d'une avancée dans ma carrière professionnelle – j’étais éditeur et avais besoin de franchir un cap supérieur –. Mais toutes les démarches que je faisais avec des candidatures spontanées et des rendez-vous n'accrochaient pas. Il y avait toujours un endroit où ça ne passait pas. En fait parce que j'étais attendu pour autre chose… À la croisée de ces questions, et voulant me sortir financièrement et professionnellement de l'impasse, plutôt que d'aller à l'extérieur chercher la solution à mon problème, j'ai pris l'option d'aller par l'intérieur à la rencontre de la solution. C’est par un travail de fréquentation du souhait le plus profond de mon accomplissement professionnel que s'est ouverte, pour moi, l'idée de faire pratiquer la sagesse des contes. Cette sagesse, que je fréquentais d'une manière gratuite avec les gens que je réunissais dans des groupes, maintenant, j’allais la faire mettre en pratique. C’était une clé toute simple. En fait, c'est la clé de la naissance de la philosophie. C'est ce que, dans l'Antiquité, Socrate et les philosophes faisaient faire à leurs élèves. Ils leur faisaient pratiquer les grandes clés de sagesse de la mythologie, ce qui a donné naissance à la philosophie.
D'une certaine manière, j'ai retrouvé ça en passant trois semaines à me remettre dans la fréquentation des réussites que j'avais pu avoir dans mon métier : j'avais pris des initiatives qui étaient heureuses mais qui, en même temps, ne donnaient pas pour moi le fruit d'un changement professionnel profond. Elles n'ouvraient pas ma carrière et ne me permettaient pas d'avoir plus de beurre dans les épinards. Il fallait vraiment trouver autre chose de plus fort. C'est pourtant en fréquentant ces bons coups d’éditeur que j’ai été amené dans la proximité de ce que j'étais profondément, de mon souhait d'accomplissement en profondeur. Et ça s'est formulé ainsi : « Accompli professionnellement, je suis quelqu'un qui cherche, qui découvre et qui communique. » Cette phrase-là, « je cherche, je découvre et je communique », je me la suis répétée pendant trois semaines, tous les jours, en ressentant, en visualisant les moments forts que j'avais pu connaître professionnellement. Un matin, c'était le jour-même où je faisais mes valises pour rentrer à Paris à la fin des vacances, apparurent soudain dans mon esprit quatre contes et quatre exercices : mon premier séminaire, le séminaire sur le changement…

C'est arrivé comme ça, d’un coup ?


Oui, c’était le premier module sur le changement, au complet ! Après, la question a été : « Où je vends ça et comment je le partage ? »
Je fréquentais, à l’époque, une association d'artistes branchés sur la spiritualité qui proclamaient que l'art pouvait être porteur de lumière, l’association “Art et Lumière”. C'est chez eux que je faisais mes réunions de contes, près de La Madeleine. J'avais la possibilité de diffuser mon premier séminaire auprès d’eux, mais ce n'était financièrement pas très intéressant. Et puis je me suis rappelé que, dix ans plus tôt, j'étais allé dans un centre de thérapie humaniste rue des Saints-Pères, le « Centre d’évolution », que je croyais être un centre de spiritualité et où j'avais laissé mes coordonnées. Un thérapeute de ce Centre, qui était disciple de Swami Muktananda m’avait rappelé lors du passage du sage indien à Paris. Ce centre avait des salles à disposition et je devrais pouvoir avec eux et leur fichier trouver des clients pour présenter mon séminaire. Et ça a accroché tout de suite, très vite. J’ai proposé mon séminaire à Jacques Durand-Dacier, le patron de ce centre de thérapie, qui a eu envie de me donner ma chance. Là c’était dans le registre de la psychologie, pour le coup, et à des tarifs bien plus intéressants que ce que j'aurais pu obtenir dans le culturel avec mon association d'artistes. Tout à coup, je trouvais une possibilité de ressources financières qui allait changer ma vie. Un mois après ma première annonce, j’étais devant douze personnes à qui j'enseignais le premier module. Dès ce premier module terminé, ils m’ont demandé de continuer pour approfondir la pratique… J’ai donc été obligé d'inventer chaque mois un nouveau module. Ce que j'ai fait la toute première année, puis la deuxième avec des mises au point. Petit à petit s’est ainsi construit et complété le séminaire de La voie des contes, que j’ai intégralement rédigé au cours de la troisième année.


Tout semble s’être réalisé par synchronicité ! En avais-tu conscience à ce moment-là ?


Non, pas du tout. Je ne me formulais pas les choses de cette façon. J'étais alors orienté à l’inspiration : je savais que tout pouvait se faire par l'intérieur, que tout pouvait arriver comme par grâce, on pourrait dire, par ouverture, à l’occasion de percées créatrices. La fée des contes, qui donne l'accomplissement de façon miraculeuse – d'une certaine manière le merveilleux, c'est le miraculeux –, la fée des contes, en réalité, c'est l'inspiration. Voilà ce que j'avais commencé à travailler avec la découverte des contes. D'abord sous un angle de spiritualité : il y a dans les contes de grandes vérités, comme celles que m’enseignait le maître spirituel qui me guidait. Grâce aux contes, je pouvais partager cette spiritualité, je pouvais avoir des conversations avec des gens en me servant des contes et être dans cette atmosphère dont j'avais vraiment besoin.
En réalité, la fréquentation du maître que je suivais était très difficile. Il était dans la lignée de Gurdjieff, et donc très rigoureux et très exigeant, demandant vraiment d'être présent à soi-même et de s'y entraîner de façon permanente. À un certain moment, c'est tellement difficile qu’on risque de développer dans le miroir de cette exigence une culpabilité. Pour éviter cela, ma trouvaille a été de procéder par inspiration : certes, je ne suis pas capable mais, par inspiration, par percée, je peux tout à coup accéder au niveau qui est attendu. À un certain moment, je suis au niveau, le reste du temps, je n’y suis pas. Pratiquer ainsi, ça pouvait être supportable et je pouvais poursuivre mon cheminement.
Mais, au tout départ, quand j'ai commencé à faire pratiquer les contes, la relation aux contes que je proposais n'était pas spirituelle. C'était plutôt une perspective de thérapie, puis de créativité et de développement personnel que je proposais. Il fallait que je me situe, puisque j'étais dans un centre de thérapie humaniste. J'ai pris l'option de parler le langage de la thérapie. Je me suis formé à la PNL, à l'hypnose, j'ai pu formaliser ma méthode et parler un langage qui était celui de la psychologie.


Pourtant, tu venais d'une psychologie plus profonde, plus puissante…


Oui, une psychologie de la pensée traditionnelle, des entraînements soufis… Les enseignements de Gurdjieff sont issus de la tradition soufie. C’est une psychologie très avancée et très puissante. Je n'avais pas besoin d'autant de moyens pour faire pratiquer les contes. Néanmoins, j'ai développé une méthode à la croisée de la psychologie et des clés de sagesse issues de la tradition, et c'était un panachage assez heureux. Ce qui m'a valu d'être repéré par le maître des novices des Carmes d'Avon, le père Victor Sion. J'avais aidé quelqu'un qui était entré chez les Carmes et qui avait, donc, été accompagné par ce maître des novices, qui par ailleurs était un grand confesseur, très recherché. Ce dernier s’était dit que c’était exactement un type comme moi qu’il cherchait : un psychologue chrétien pour l'aider avec toutes les personnes qu’il confessait et qui retombaient dans leurs travers faute de moyens pour travailler sur elles-mêmes. Il a commencé à m'envoyer quelques «confessés” que je remettais sur pied en trois à six mois avec ma méthode de La voie des contes, qui avait une petite année d'âge à ce moment-là. J'ai ainsi monté un cabinet de thérapie et pris en charge ces gens avec mes outils. J’accompagnais aussi des moines qui avaient des difficultés à rester dans leur monastère – c’est terrible un monastère une véritable cocotte-minute! Le maître des novices m'a aussi mis en contact avec des bénédictins et des carmélites. J'ai même eu mon cabinet de thérapie chez les sœurs de l'Adoration à Paris, derrière l’Institut Curie, pendant deux ans.


Ces enchaînements sont les effets de la synchronicité, en fait…


Comment ces choses-là sont arrivées, comment elles ont pu se construire ? Je ne contrôlais rien, j’appelais tout à partir de l'intérieur. C'est ça qu'il faut comprendre : la synchronicité est une question de posture, à partir de l’intérieur, par l'émission d'une vibration, d'une résonance, d'une fréquence. En réalité, la synchronicité, conçoit que le monde est Un, que tout est ensemble, que rien n'est séparé. Et si tu arrives à émettre une fréquence en direction de cette dimension d'unité constituée d'une multitude de choses, alors tout se met à fonctionner ensemble, en interaction, et à répondre. C’est exactement comme dans le corps : si on regarde les cellules, les premières sont non différenciées et elles vont se distinguer petit à petit selon les différentes fonctions, les différents organes, etc., et faire que tout fonctionne ensemble et, cependant, à chaque fois dans la distinction. Et nous, nous avons beaucoup de mal à fonctionner comme ça. Nous avons tendance à nous enfermer dans la distinction et à nous séparer du reste. Et là, nous sommes piégés, nous nous retrouvons avec de moindres moyens, nous n'avons que les moyens de notre séparation. Alors que, dans l’ensemble, nous bénéficions de toutes les intelligences qui sont en arrière-plan ! Il est plein d'intelligences, en réalité, le monde de Totalité ou le monde d’Unité !
À travers les contes, nous avons de très belles leçons pour fonctionner dans cette Totalité, pour apprendre à émettre une fréquence de résonance qui va nous aligner sur certaines intelligences. Exactement comme on met une semence de poirier en terre. Si la semence germe, ce qui pousse va se revêtir de substance qui n'intéresse que le poirier et non de la substance d’un chêne ou d’un haricot. Le poirier prend ce qui est propre à son système. Et pourtant, il est dans la Totalité et fonctionne en totalité. C'est ça qu’il est important de mesurer : c'est une question de fréquence de résonance.
Les contes sont remarquables pour ça, ils proposent des clés pour se brancher à cette dimension d'Unité ou de Totalité. Ensuite, pour ne pas se faire éjecter – parce que tout va s'accélérer dès l'instant qu’on s’aligne avec les intelligences de l’arrière-plan, le mental, les émotions, le corps, et tout ça va très vite et nous dépasse –, alors il faudra faire le vide en soi-même, de ses croyances, de ses peurs , de ses attachements… sinon on ne pourra pas rester branché à la Totalité. Et si l’on réusit à se maintenir, alors cela s’accélérera encore davantage, car on va commencer à participer à la Totalité : en fait elle est en attente de notre participation ! Nous sommes un acteur, un catalyseur, un réactif pour le Tout. Et si nous pouvons fonctionner et nous tenir consciemment dans cette Totalité, nous participerons au grand mouvement de négentropie. Le rôle de l'humain est de faire venir des ressources de régénération dont la vie a besoin. Car les choses s’éteignent, se cristalisent. On sent bien ce mouvement-là. L'humain a une place privilégiée pour ça. La synchronicité peut être regardée sous cet angle-là : la participation de l'humain au mouvement créateur du cosmos, de la Totalité. Tout est en mouvement, tout est en vie sur cette planète, et l'homme est un vecteur important pour permettre la régénération des forces de vie quand les forces d’inertie, qui ont leur place aussi, qui permettent de tenir les formes un minimum de temps, œuvrent à la cristallisation et à la mort progressive des choses. La mort existe, les choses s’éteignent, mais d'autres viennent et, par régénération, poursuivent le mouvement de création. La synchronicité doit être regardée, en fait, dans cette grande économie du Tout.

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